Alexandra Marquis
Montréal QC
Canada
Il y a de ça quelques mois seulement, si on m’avait dit que j’allais être en train d’écrire ces lignes, que j’allais porter le titre de survivante du cancer et que ma vie était sur le point de prendre une nouvelle direction, c’est probablement la dernière chose que j’aurais crue. La peur est d’ailleurs le premier sentiment qui s’est emparé de moi, la peur de ne plus retrouver la jeune femme pleine de vie, pleine d’ambition que j’étais. C’est cette sensation de vertige qui s’est emparée de mon corps en quelques secondes. Est-ce que tous mes plans de vie venaient de tomber à l’eau? C’est à l’âge de 27 ans qu’on m’a donné le diagnostic du Lymphome de Hodgkin stade 2.
Tout s’est passé très rapidement de mon côté́. Trois semaines seulement entre mon premier symptôme et mon premier traitement de chimiothérapie. D’un bureau de médecin en pratique privée, à la salle d’attente de l’urgence, pour même aller jusqu’à la salle d’attente d’une clinique de fertilité́. Je me souviens précisément du jeudi matin dans la salle d’attente de cette fameuse clinique de fertilité́, entourée de jeunes couples qui semblaient entamer des démarches pour leur projet de famille puis à ce moment, j’étais complètement submergée par une tempête d’émotions. On m’expliquait que la chimiothérapie avait des risques d’affecter ma fertilité. Il était donc préférable de procéder à un prélèvement d’ovules avant de commencer mes traitements afin de congeler et préserver ceux-ci. Ce fut énormément d’informations à absorber en si peu de temps. Pourquoi je me retrouvais dans cette situation ? Ce n’est pas comme ça que ça devait se passer. Est-ce vraiment le souvenir que je vais avoir lorsque je vais penser à avoir des enfants? Est-ce que c’est un désir que je vais devoir oublier maintenant? Tellement d’inquiétudes et d’incertitudes toutes d’un coup.
J’ai eu la chance d’avoir un soutien incroyable des gens qui m’entourent. Je n’ai jamais douté́ du « support system » que j’ai, mais la mobilisation des gens par le biais de messages ou de petites attentions ont fait la plus grande différence. Le simple « je pense à toi aujourd’hui » me donnait tellement de force. Les deux choses qui m’ont le plus aidé tout au long des traitements étaient premièrement de laisser place à toutes les émotions que ça me faisait vivre. C’est correct d’avoir des mauvaises journées, de sentir qu’on fait un deuil de sa vie d’avant, d’avoir de la frustration et ressentir de l’incompréhension. Je me suis permise de vivre toutes ces émotions à 100% et je me rappelais toujours que tout était temporaire. Ces mauvaises journées-là, toute cette fatigue, ces douleurs, tout était temporaire. Ce n’était pas un état qui allait m’habiter pour toujours. Les bonnes journées allaient revenir. Et c’est aussi avec cette manière de penser que je profitais et que j’appréciais encore plus les bons moments. Sans anticiper de mauvaises journées non plus, seulement de se rappeler que demain n’est pas acquis et que c’est dans le moment présent qu’il est important de vivre.
Cette épreuve m’a également démontré l’importance du lâcher-prise et de contrôler ce que je peux contrôler. C’est-à-dire, de contrôler comment je me sens face aux situations et comment je décide d’agir face à celles-ci. Avec du recul aujourd’hui, je suis fière de tout le cheminement que j’ai fait. La vie devient, selon moi, beaucoup plus légère de cette façon.
Mon diagnostic de cancer m’a amené́ à avoir plusieurs grandes réflexions qui étaient, je crois, prises pour acquises. Je me suis demandé à plusieurs reprises : qu’est-ce que j’ai à apprendre de ça? Que je le veuille ou non, ça fait partie de mon parcours maintenant, donc qu’est-ce que je peux en faire ressortir? Et ce qui en est ressorti, est que c’est important pour moi d’être là où ça compte. Puis de m’impliquer aujourd’hui avec la SLLC, c’est une manière d’être présente là où ça compte et là où il y un impact positif sur le quotidien, ainsi que sur la vie des gens.